Réagir face à l'automutilation
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Réagir face à l'automutilation
Comme j'en parlais dans un autre post, j'ai été confrontée récemment à une situation inédite par sa durée et son intensité. En FAM, un adulte, autiste, se frappe, avec force, toujours au même endroit, tout au long de la journée, ce qui n'est pas sans conséquence à plusieurs niveaux :
- pour lui. Les conséquences physiques sont déjà bien perceptibles : aveugle d'un oeil, la peau durcie comme de la semelle, sans penser aux conséquences sur son crâne et son oreille. D'un point de vue psychique, je ne le connais pas encore assez pour savoir ce qu'il en est, mais le fait qu'il n'ait pas accès à la verbalisation complique encore un peu plus les choses.
- pour le reste du groupe. Là encore, je ne maitrise pas assez le contexte pour savoir ce que les autres résidants peuvent en dire, comment ils y réagissent. Pour autant, difficile d'imaginer qu'être spectateur de telles scènes n'aient pas de conséquence sur eux.
- pour l'équipe, qui apparemment est totalement démunie. Pour ma part, quelques heures passées avec lui m'ont été difficilement supportables, je pense pour deux raisons : le voir se faire autant violence mais aussi me sentir autant désemparée et ne pas pouvoir le soulager.
L'idée n'est pas vraiment de rester sur cette situation, encore une fois, je ne maitrise pas assez le contexte, sa prise en charge globale, ce qui a déjà été tenté et ce qu'il le sera dans l'avenir. Je pars de cette situation pour lancer une discussion sur votre vécu d'éducateur, si vous avez déjà été confronté à l'automutilation. Si oui, cela vous a-t-il fait violence ? Comment avez vous travaillé dessus ? Connaissez-vous des auteurs qui abordent cette question ?
Assez rapidement, la réflexion que je me suis faite est que j'ai souvent été confrontée à des conflits entre enfants, à des disputes parfois violentes entre adultes. "la gestion des conflits" c'est bien un truc auquel on est sensé être préparé. Mais quand le conflit est interne, entre soi et soi, comment intervient-on ?
Puis, je me suis rendue compte que ce qui me faisait violence après tout, c'était que ce soit aussi visible et sonore (le geste du bars + le clac de la baffe qui raisonne encore dans mes oreilles) : certaines automutilations sont plus discrètes, aussi moins douloureuses pour ceux qui se les font subir. Pour autant, le conflit interne que le symptôme révèle est-il forcément moins violent ?
Au plaisir de vous lire sur cette question bien délicate.
- pour lui. Les conséquences physiques sont déjà bien perceptibles : aveugle d'un oeil, la peau durcie comme de la semelle, sans penser aux conséquences sur son crâne et son oreille. D'un point de vue psychique, je ne le connais pas encore assez pour savoir ce qu'il en est, mais le fait qu'il n'ait pas accès à la verbalisation complique encore un peu plus les choses.
- pour le reste du groupe. Là encore, je ne maitrise pas assez le contexte pour savoir ce que les autres résidants peuvent en dire, comment ils y réagissent. Pour autant, difficile d'imaginer qu'être spectateur de telles scènes n'aient pas de conséquence sur eux.
- pour l'équipe, qui apparemment est totalement démunie. Pour ma part, quelques heures passées avec lui m'ont été difficilement supportables, je pense pour deux raisons : le voir se faire autant violence mais aussi me sentir autant désemparée et ne pas pouvoir le soulager.
L'idée n'est pas vraiment de rester sur cette situation, encore une fois, je ne maitrise pas assez le contexte, sa prise en charge globale, ce qui a déjà été tenté et ce qu'il le sera dans l'avenir. Je pars de cette situation pour lancer une discussion sur votre vécu d'éducateur, si vous avez déjà été confronté à l'automutilation. Si oui, cela vous a-t-il fait violence ? Comment avez vous travaillé dessus ? Connaissez-vous des auteurs qui abordent cette question ?
Assez rapidement, la réflexion que je me suis faite est que j'ai souvent été confrontée à des conflits entre enfants, à des disputes parfois violentes entre adultes. "la gestion des conflits" c'est bien un truc auquel on est sensé être préparé. Mais quand le conflit est interne, entre soi et soi, comment intervient-on ?
Puis, je me suis rendue compte que ce qui me faisait violence après tout, c'était que ce soit aussi visible et sonore (le geste du bars + le clac de la baffe qui raisonne encore dans mes oreilles) : certaines automutilations sont plus discrètes, aussi moins douloureuses pour ceux qui se les font subir. Pour autant, le conflit interne que le symptôme révèle est-il forcément moins violent ?
Au plaisir de vous lire sur cette question bien délicate.
elya- Impliqué
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Re: Réagir face à l'automutilation
une partie très difficile de notre métier (même si ce n'est plus le mien). La première et seule fois que j'ai été confronté à cette violence, une éduc m'a dit : "pense au fait qu'il fait aussi cela pour se soulager d'une tension, cela lui fait du bien, c'est pas ce qu'il y a de meilleur, mais ça aide à supporter".....
Je ne sais pas quoi en penser, donc je donne ma langue au chat.
Je ne sais pas quoi en penser, donc je donne ma langue au chat.
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De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent.
La dictature c'est "ferme ta gueule", la démocratie c'est "cause toujours".
Le capitalisme c'est l'esclavagisme de l'homme par l'homme. Le syndicalisme, c'est l'inverse. (Coluche).
sebhulot- Modérateur
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Humeur : ça vous regarde pas, mais c'est gentil de demander
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Re: Réagir face à l'automutilation
Merci Michel pour le lien, j'irai y jeter un oeil avec plaisir.
elya- Impliqué
-
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Re: Réagir face à l'automutilation
Elya, je ne pourrais pas t'aider, j'ai bien connu cela mais j'ai été totalement désemparée également.
Un résident rencontré en FAM se mutile littéralement)
L'équipe a choisi une solution de fortune pour l'empêcher de se faire du mal : gant de boxe (car il s'arrache les paupières et se mange les doigts, il ne lui en reste plus que 7) et casque de protection. C'est très impressionnant et si ça stigmatise un peu, ça a le mérite de protéger à minima.
Nous avions bcp discuté d'un accompagnement plus soutenu, peut être même d'une orientation en MAS. L'équipe était épuisée (il hurlait jour et nuit, et pour l'avoir vécu, avec toute l'empathie du monde, on arrive vite à bout de nerfs)
J'avoue avoir du mal avec ce résident. J'en ai parlé à l'équipe parce que je ne gérais pas du tout cette violence, ce mal qu'il pouvait se faire.
A l'heure actuelle, on est vraiment dans le soin avec lui (marrant, je parle au présent alors que je n'y bosse plus ^^ C'est parce que j'y retourne régulièrement !) Soigner ses blessures et être très attentifs, notamment lors des douches, des repas et des temps de repos car il n'a pas ses protections.
Je crois qu'il faut surtout pouvoir parler de ce que ça te renvoie, échanger avec l'équipe à fond pour savoir si certains ont réussi par un moyen ou un autre à trouver quelques petits trucs pour apaiser.
Bon courage.
Un résident rencontré en FAM se mutile littéralement)
L'équipe a choisi une solution de fortune pour l'empêcher de se faire du mal : gant de boxe (car il s'arrache les paupières et se mange les doigts, il ne lui en reste plus que 7) et casque de protection. C'est très impressionnant et si ça stigmatise un peu, ça a le mérite de protéger à minima.
Nous avions bcp discuté d'un accompagnement plus soutenu, peut être même d'une orientation en MAS. L'équipe était épuisée (il hurlait jour et nuit, et pour l'avoir vécu, avec toute l'empathie du monde, on arrive vite à bout de nerfs)
J'avoue avoir du mal avec ce résident. J'en ai parlé à l'équipe parce que je ne gérais pas du tout cette violence, ce mal qu'il pouvait se faire.
A l'heure actuelle, on est vraiment dans le soin avec lui (marrant, je parle au présent alors que je n'y bosse plus ^^ C'est parce que j'y retourne régulièrement !) Soigner ses blessures et être très attentifs, notamment lors des douches, des repas et des temps de repos car il n'a pas ses protections.
Je crois qu'il faut surtout pouvoir parler de ce que ça te renvoie, échanger avec l'équipe à fond pour savoir si certains ont réussi par un moyen ou un autre à trouver quelques petits trucs pour apaiser.
Bon courage.
chew51- Habitué
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Humeur : Toujours légère
Messages : 61
Re: Réagir face à l'automutilation
Merci de ta réponse, chew !
J'en ai discuté effectivement avec des membres de l'équipe qui, dès le début de ma question, semblaient désemparés. Le fait que les éducateurs soient là depuis un moment fait que ça doit leur faire moins violence qu'à moi, à mes débuts.
Depuis, j'ai pu observé que chacun à sa manière parvient ponctuellement à le faire cesser (présence physique près de lui, lui parler sur un ton apaisé, ou plus ferme selon le contexte) mais cela demande une présence en un pour un, ce qui n'est pas toujours possible. Et encore une fois, ça ne permet pas de toucher le problème de fond, ni de le soulager lui...
De la même manière, pour les cris, je comprends la fatigue ressentie par tes collègues. J'interviens depuis quelques semaines sur un groupe où vivent plusieurs résidents très bruyants. Résultat : ça fait une semaine que je prends du paracétamol quasi-quotidiennement, alors que je ne suis pas du tout sujette aux maux de tête. Et quelle fatigue ! La patience que je pensais être une de mes plus grandes qualités, est bien souvent mise à mal, ce que je déplore fortement !
Hum, il en faut du courage pour bosser dans ce genre d'institution !
J'en ai discuté effectivement avec des membres de l'équipe qui, dès le début de ma question, semblaient désemparés. Le fait que les éducateurs soient là depuis un moment fait que ça doit leur faire moins violence qu'à moi, à mes débuts.
Depuis, j'ai pu observé que chacun à sa manière parvient ponctuellement à le faire cesser (présence physique près de lui, lui parler sur un ton apaisé, ou plus ferme selon le contexte) mais cela demande une présence en un pour un, ce qui n'est pas toujours possible. Et encore une fois, ça ne permet pas de toucher le problème de fond, ni de le soulager lui...
De la même manière, pour les cris, je comprends la fatigue ressentie par tes collègues. J'interviens depuis quelques semaines sur un groupe où vivent plusieurs résidents très bruyants. Résultat : ça fait une semaine que je prends du paracétamol quasi-quotidiennement, alors que je ne suis pas du tout sujette aux maux de tête. Et quelle fatigue ! La patience que je pensais être une de mes plus grandes qualités, est bien souvent mise à mal, ce que je déplore fortement !
Hum, il en faut du courage pour bosser dans ce genre d'institution !
elya- Impliqué
-
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Age : 32
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